ÆßÐDzʿª½±’s new pavilion subject of debate
L’agrandissement du Collège ÆßÐDzʿª½±
La désinformation doit cesser
Depuis quelques mois déjà , le projet d’agrandissement du Collège ÆßÐDzʿª½± fait la manchette depuis les tribunes médiatiques occupées par certains de nos commentateurs politiques les plus en vue. Pour la plupart d’entre eux, ce projet devrait tout simplement être abandonné.  Le prétexte : s’il se réalise, ce projet accroîtra la capacité d’accueil d’un établissement déjà fortement attractif auprès des populations étudiantes actuelles et, particulièrement, auprès des jeunes francophones voulant accéder à l’enseignement collégial.
Pour ces hérauts de la bien-pensance nationaliste, le soutien de l’État à un tel projet ne constituerait qu’une démission additionnelle dans la lutte épique que le Québec mène pour assurer la survivance du fait français en Amérique. Car, bien sûr, la cause est entendue et jugée : les établissements anglophones, et le Collège ÆßÐDzʿª½± y fait figure de proue, constituent un vecteur d’anglicisation de Montréal et, de ce fait, représentent une menace existentielle à la survie du Québec français. Au mieux, ce jugement serait déplorable si, plus fondamentalement, il ne procédait d’une ignorance volontaire des données en jeu. Tentons de rétablir les faits!
Un projet légitime et justifié
L’espace dévolu à un établissement collégial pour y mener ses activités découle d’une capacité d’accueil déterminée en fonction des programmes d’études qu’il est autorisé à offrir. Cette capacité d’accueil est définie programme par programme dans ce qu’il convient d’appeler un devis scolaire. Tant de mètres carrés pour les classes « sèches »; tant pour les locaux spécialisés (laboratoires, ateliers, gymnases); tant pour la vie étudiante et les services afférents; tant pour les centres de documentation; tant pour les bureaux de professeurs et les locaux administratifs, et ainsi de suite. Cette répartition spatiale se fait en vertu de normes établies par le ministère et sont utilisées mutatis mutandis pour l’ensemble des établissements d’enseignement collégial. Elles conditionnent l’octroi des espaces nécessaires au déroulement des opérations de même que l’attribution des budgets nécessaires au bon maintien des infrastructures.
Dans le cas du Collège ÆßÐDzʿª½±, l’analyse effectuée et confirmée par le ministère en 2014 a permis d’identifier un « déficit d’espace » s’élevant à près de 10 000 mètres carrés et ce, sur la base d’un devis scolaire établi à la fin des années 90 et situant sa capacité d’accueil à 7075 étudiants. De fait, selon les normes employées par le ministère pour déterminer le besoin d’espaces en relation avec une capacité d’accueil reconnue il y a plus de vingt ans, le Collège ÆßÐDzʿª½± est en déficit structurel de près de 10 000 mètres carrés, en faisant le collège le plus densément peuplé du réseau collégial!
Des lors, un exercice visant à identifier une solution à ce problème a été entrepris dont la résultante est l’actuel projet d’agrandissement. Mais comprenons bien! Cet agrandissement constitue d’abord une normalisation des espaces auquel le Collège ÆßÐDzʿª½± a droit en vertu des normes en vigueur, en tout respect d’une capacité d’accueil établie il y a presque un quart de siècle. Il s’agit donc davantage d’une récupération que d’un agrandissement, un rattrapage visant à octroyer au Collège ÆßÐDzʿª½± ce à quoi tout collège aurait droit en pareilles circonstances. Rien de plus et rien de moins!
Dans son état actuel, le projet du Collège ÆßÐDzʿª½±, outre son intention pédagogique innovatrice et audacieuse reliée à la formation dans le domaine des soins de santé, est conçu pour permettre avant tout de combler ce déficit d’espace. Au total, le projet offrira une disponibilité d’espaces additionnels d’environ 9 000 mètres carrés.
L’aspect politique maintenant
Les considérations développées dans les paragraphes précédents ne suffiront pas à changer la position des détracteurs du Collège ÆßÐDzʿª½±, peu s’en faut! Alors d’affirmer, comme le fait Michel David dans son papier du samedi 17 octobre, « qu’il est clair que le Collège ÆßÐDzʿª½± veut s’agrandir pour accueillir plus d’étudiants non anglophones, qui constituent déjà la majorité de ceux qui le fréquentent », ceci est d’une navrante mauvaise foi, tant cette affirmation pèche par ignorance des faits les plus élémentaires.
Bon an mal an, la population étudiante du Collège ÆßÐDzʿª½± se répartit grosso modo comme suit : 60% d’étudiants provenant des commissions scolaires anglophones et 40% provenant des écoles régies par les défuntes commissions scolaires francophones. Parmi ces derniers, il est possible de dénombrer un certain nombre de francophones « de souche » (+/-17%), alors que le nombre d’étudiants dits « allophones » (enfants de la loi 101) se situe autour de +/-23%.  Soyons clairs! L’expansion éventuelle du Collège ÆßÐDzʿª½± n’a pas pour objectif d’augmenter le nombre d’étudiants le fréquentant.
L’enseignement collégial appartient à l’enseignement supérieur et comme tel, il représente un niveau d’enseignement post-obligatoire.  En soi, ceci vient confirmer que le principe de liberté de choix doit prévaloir. De soutenir que les établissements d’enseignement anglophones comme ÆßÐDzʿª½± sont des vecteurs d’anglicisation de Montréal, qu’ils représentent une menace au fait français en Amérique et qu’il conviendrait d’en restreindre l’accès est, au mieux, d’une surprenante légèreté et, au pire, une campagne délibérée de désinformation.
Je comprends qu’on puisse trouver là un épouvantail à agiter et que cela puisse être utile pour mousser une cause qui en a bien besoin. Cependant, je soumets à tous ces commentateurs et chroniqueurs qu’il peut y avoir bien d’autres facteurs qui poussent à l’utilisation de l’anglais chez les gens de la jeune génération. À titre d’exemple, la fréquentation assidue et continue des podcasts et plateformes numériques comme Netflix, HBO et autres YouTube par ces jeunes pourrait bien être un de ces puissants facteurs.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur les effets délétères que produirait la limitation d’accès aux institutions anglophones d’enseignement pour les jeunes du Québec. Mais ceci constitue de la matière pour un autre moment d’un débat qui reste à faire et auquel nous devrons bien nous prêter un jour ou l’autre.
Richard Filion
Directeur général
Collège ÆßÐDzʿª½±
19 octobre 2020