Réaction de la directrice générale à l’annulation du projet d’infrastructure Lettre à la communauté de ÆßÐDzʿª½±
En fin d’après-midi, hier, le Collège a reçu une lettre de la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann. Il s’agissait de la confirmation officielle que le projet d’infrastructure vital de ÆßÐDzʿª½± est annulé. Une fois de plus, elle a déclaré que la décision était motivée par l’intention de son gouvernement de prioriser les projets d’infrastructure des cégeps francophones.
Ce refus d’espace additionnel va à l’encontre d’un déficit de plus de 11 200 mètres carrés, selon le devis approuvé et les normes ministérielles confirmées par son propre ministère en décembre 2021. Un déficit d’espace à ÆßÐDzʿª½± qui est bien documenté depuis au moins 1998. On aurait pu penser que les normes du ministère s’appliquaient à l’ensemble des cégeps, mais la raison pour laquelle ÆßÐDzʿª½± s’est vu refuser un traitement équitable est uniquement attribuable à sa langue d’instruction.
Dire que nous sommes déçus est un euphémisme. Pendant plus de sept ans, le Collège a travaillé de bonne foi avec le Ministère et la Société québécoise des infrastructures pour mener ce projet à bien. Plusieurs centaines heures de travail par les enseignants des programmes de santé et de travail social, l’équipe des ressources matérielles et la haute direction du Collège ont ainsi été gaspillées, de même que des millions de dollars de l’argent des contribuables.
Nous avons raison d’être en colère. Depuis plus de 50 ans, nous travaillons pour le bien-être de la société québécoise, et formons génération après génération de Québécois et de Québécoises, des jeunes anglophones, francophones et originaires de tous les milieux linguistiques, sans préjugé, pour les aider à devenir des citoyens responsables.
Nous avons tout fait comme il se doit. Nous avons suivi les règles. Nous nous sommes adaptés à l’époque. Nous avons établi des normes d’excellence.
Plutôt que d’être reconnus comme un modèle de diversité et d’inclusion pour TOUS les Québécois, nous sommes devenus pour certains la cible et le symbole d’une chose menaçante et qui doit être arrêtée.
Il y a des relents nauséeux dans cette décision, fondée sur un niveau de discrimination encore jamais vu dans l’histoire du système des cégeps québécois. C’est une décision qui sème la division et va à l’encontre des principes fondamentaux de l’enseignement supérieur, soit l’accessibilité, l’égalité et l’équité.
Elle établit ouvertement deux types d’établissements collégiaux, certains méritoires et d’autres qui le sont moins. Elle sème les germes d’une approche du « nous contre eux » en éducation, à un moment des plus troubles de l’histoire du monde, alors qu’il faut faire preuve d’unité et non de division.
Nous devons rester vigilants face à une telle discrimination. Elle doit être dénoncée et reconnue pour ce qu’elle est.
Aucune solution ne se dégage de la colère. Nous devons canaliser ces émotions dans un engagement renouvelé envers notre mission et notre esprit de communauté – une communauté qui est une fois de plus restée unie devant l’adversité. Nous devons continuer d’accomplir notre mission avec fierté : former une population diversifiée, en favorisant l’engagement des apprenants et des apprenantes et en les habilitant à devenir des citoyens actifs et responsables, qui enrichiront la société. Nous continuerons aussi de trouver des solutions de rechange pour combler le déficit d’espace.
Pour leur soutien, j’aimerais remercier sincèrement la communauté de ÆßÐDzʿª½±, nos étudiants et leur association étudiante, les membres du conseil d’administration, les près de 20 000 personnes qui ont signé la pétition, ainsi que nos partenaires et amis de la communauté du Grand Montréal.